Compte-rendu du 10ème Congrès national sur la fibromyalgie ( 3ème partie )
Voici, à la demande de beaucoup de personnes fibromyalgiques et leur entourage, la troisième partie du compte-rendu du congrès de NIMES.
Aujourd'hui, je vous présente le Dr Claude MANN, Médecin de la douleur, Clinique Clémenville à Montpellier ( 34 ),
Le sujet traité : Fibromyalgie et Dépression : deux entités bien différentes
Pour en finir avec ce malentendu
Les patients fibromyalgiques décrivent des symptômes proches , quelquefois de la dépression : fatigue, insomnie, troubles de la concentration, .....
Certains ont qualifié la fibromyalgie de dépression "masquée", voire "résiduelle".
Ces affirmations desservent la bonne prise en charge des patients : mais les données scientifiques et cliniques permettent aux médecins de voir une nette distinction entre ces deux pathologies.
Lorsqu'une douleur survient, elle monte par les nerfs vers la moelle épinière, puis à travers le tronc cérébral, vers le thalamus et enfin le cortex.. Ce cheminement ascendant est contrebalancé par des processus de contrôle descendants, qui vont soit amplifier ( sensibilisation), soit atténuer ( inhibition ) la perception douloureuse.
Les contrôles inhibiteurs descendants utilisent des neurotransmetteurs comme la sérotonine ou la noradrénaline.
Chez les patients fibromyalgiques, les contrôles inhibiteurs fonctionnent mal, comme il a été dit et montré par l'équipe de Serge Marchand.
Certains médicaments restaurent l'activité de la sérotonine et de la noradrénaline. Ce sont principalement les antidépresseurs, mais aussi le "tramadol'
Mais,ce phénomène n'est pas la seule explication de la fibromyalgie. C'est pour cette raison principale que les antidépresseurs ne peuvent tout à fait soulager cette pathologie.
Chez les patients dépressifs, les contrôles inhibiteurs descendants fonctionnent correctement : cette différence est un fait avéré :
cette confusion vient du fait que, dans les deux pathologies, les professionnels de santé prescrivent les mêmes traitements, agissant à la fois sur la dépression et sur le contrôle de la douleur.
Voici le Dr Mann, et en arrière plan, le schéma comparatif entre la dépression et la fibromyalgie.
Par ailleurs, il arrive souvent que les patients fibromyalgiques, atteints par de longues années de souffrance, tombent dans un état dépressif.
Dans ce cas, outre les antidépresseurs, il est indispensable d'avoir une psychothérapie.
Puis, ce fut l'intervention de Anna MOREIRA, Psychologue Clinicienne.
Le thème abordé : La Pratique Médicale
Par le Médecin Traitant :
On peut constater que les médecins généralistes prescrivent les antidépresseurs aux patients fibromyalgiques : ces derniers ( 40 % ) présentant des troubles dépressifs.
Cependant, il faut reconnaître qu'il est très difficile de prescrire un traitement antidépresseur, destiné uniquement à usage antalgique.
Par les Centres Anti Douleur :
Cette prise en charge doit être pluridisciplinaire.
Lorsque l'on est confronté à des douleurs intenses, nous sommes envahis par des pensées catastrophiques.
deux situations alors se dessinent :
1. Nous prenons la douleur comme elle vient, nous n'avons pas le sentiment de peur : nous exposons la situation et nous examinons l'aspect de la normalisation :" finalement, ce n'est pas si terrible que ça !!!!"
2 . Nous prenons peur : nous sommes donc dans l'hypervigilance, et trop à l'écoute de notre corps.
De ces faits, nous allons éviter toute activité, qu'elle soit physique, sociale ou professionnelle. Cet état va nous entraîner dans un enferment et, la dépression sera la prochaine étape.
Dans le second cas, voilà un cercle vicieux, dans lequel nous perdons toute l'estime de soi.
Mais, Comment en Sortir ?????
Il faut retrouver des alternatives positives, souvent plus réalistes, par la restauration cognitive et comportementale , un travail sur les pensées catastrophiques sera fait par des professionnels en CAD, par exemple, pour obtenir un meilleur contrôle des émotions et des pensées et, par conséquence, une meilleure gestion de la douleur.
Retrouver un bon rythme de vie quotidien:
- faire de l'exercice selon ses possibilités avec un niveau similaire chaque jour, fractionner les activités,
rappelant qu'il y a plusieurs sortes de fibromyalgie, et que cette pathologie touche autant les jeunes enfants, les adolescents, les hommes et les personnes d'un certain âge,
- avoir une vie sociale ( sorties, amis, parents, ect ),
- avoir une activité de loisirs ( lecture, clubs, loisirs créatifs, etc....)
- ne pas faire trop tout de suite et faire les choses différemment, définir les priorités, par exemple, planifier la semaine.
Voilà tout ce que cet intervenant a préconisé pour sortir de ce syndrome, qui , il faut bien le dire, pourrit la vie à beaucoup de personnes de nos jours.
Ce n'est pas facile, nous a-t-elle confirmé, mais ça vaut le coup d'essayer !!!!!
Il vous semble, au départ, que l'on perd son temps : mais c'est une fausse idée :
En fractionnant le temps, nous retrouvons le rythme, la motivation, un meilleur sommeil, une activité plus productive,
une meilleure humeur, plus de plaisir et de confiance en soi.
Sur ce, je termine ce soir, cette nouvelle partie, très intéressante pour ma part : je reprendrais les derniers thèmes évoqués lors de ce congrès, dans les prochains jours.
Merci de vos commentaires et de vos visites.